Nos prêtres
SOUVENONS-NOUS DE NOS PRÊTRES
Nous postons ici les premiers articles concernant des personnalités particulièrement fortes, ayant fait montre d’un comportement exemplaire face aux situations qu’elles ont eu à connaître et à leur destin. Comme les autres, cette rubrique demeure ouverte aux contributeurs.
I. 1789, La période révolutionnaire [1]
Pour nos lecteurs les plus jeunes, apportons quelques renseignements sur cette lugubre page d’histoire que l’on a nommé les «massacres de septembre ». Les faits se sont déroulés du 2 au 7 septembre dans les prisons parisiennes (dont l’Abbaye, la Conciergerie, la chapelle des Carmes…). Pendant ces cinq jours, ce fut une suite d’exécutions sommaires auxquelles se livrèrent des dizaines de sans-culotte, armés de gourdins, de haches, de sabres et de piques. Elles constituent un des épisodes les plus sanglants de la Révolution Française, faisant entre 1243 et 1411 victimes, parmi lesquelles 212 membres du clergé, dont 3 évêques, 126 prêtres séculiers, 56 religieux et 5 laïcs. Comme Yves Blomme le fit dans son récent ouvrage [2], nous reprendrons cette citation du pape saint Damase, au Ve siècle : « Elle meurt l’Église qui oublie ses martyrs ». C’est pour faire œuvre de mémoire que nous écrivons ces quelques lignes.
Le 17 octobre 1926, S.S. le pape Pie XI béatifia 191 d’entre eux, au nombre desquels étaient Jacques François de Lubersac, Armand Chapt de Rastignac, ainsi que trois autres Périgourdins de naissance, bien connus de tous en leur temps et dont nous entretenons le fidèle souvenir en nos mémoires :
– Jean Marie du Lau, dernier archevêque d’Arles, né le 30 octobre 1738 au château de la Côte à Biras,
– Armand de Foucauld, né le 24 novembre 1751 au château de Lascoux à Celles, cousin du précédent, ancien vicaire général d’Arles et dernier abbé de Solignac.
– Guillaume Antoine Delfaud (1733-1792), Jésuite devenu, à la suite du bannissement de la Compagnie de Jésus (1763), archiprêtre de Daglan en Dordogne, bourg proche de Domme et de l’Étang de Lol où il était né le 7 avril 1733.
Loin de les oublier, l’Église célèbre chaque année, le 2 septembre, la fête liturgique des Bienheureux Martyrs de Septembre 1792. Il y a peu de temps, l’actualité religieuse a projeté au devant de la scène l’un d’entre eux, Salomon Leclerc (1745-1792), frère des Écoles chrétiennes, canonisé par S.S. le pape François, le 16 octobre 2016. Il est le premier Saint de la Révolution Française. Ce sont autant de bonnes raisons de prier plus particulièrement nos Bienheureux, François de Lubersac et Armand de Rastignac, qui eurent leurs attaches familiales dans notre paroisse.
Chalais, François de Lubersac de Saint-Germain, victime de la Révolution
En l’église de saint Aignan de Chalais a été fixée au mur de droite une plaque du souvenir dédiée à Jacques François de Lubersac. Elle est due à l’initiative que prirent en 1920 ses petits neveux, Guillaume de Lubersac, le poète Eugène de Ribier (1867-1943) ancien directeur de la Revue des Poètes, aussi connu sous le pseudonyme de Jean de Lavaur, et Henri de la Vaissière de La Vergne (1877-1924). La devise de cette famille était : « In proelus promptus» (prêt au combat). Elle est rappelée au haut de la plaque du souvenir ci-contre, suivie de ses armoiries qui se lisent : « De gueules au loup passant d’or ».
Il y a aussi en cette église une des rares statues que l’on connaisse de lui.
Allons à la découverte de ce personnage fort connu de son vivant, mais plus encore au lendemain de sa mort cruelle. Le 12 janvier 1729, le curé Dumas inscrivit sur le registre paroissial tenu en cette église : a été baptisé François de Lubersac fils à messire Pierre, chevalier, seigneur de Saint- Germain et à Elizabeth de Garreboeuf, dame de Saint-Germain, habitants de la forge de Mavaleix en cette paroisse, né le 10 du premier mois. A été son parrain François de Lubersac, frère du baptisé … et sa marraine Marie de Tessière. Son parrain était son frère aîné, Jean François (1718-1782) qui fit une carrière militaire et fut capitaine au régiment de Poitou. Sa marraine, Marie de Tessières, fille d’Aymard et d’Anne de Garreboeuf, fut religieuse à Sainte-Claire d’Excideuil. Jacques François entreprit des études de droit et fut bachelier dans cette discipline le 3 avril 1756. Licencié « in utroque jure » c’est à dire dans les deux droits, droit civil et droit canon) de la Faculté de Paris, il fut ordonné prêtre. Il est nommé vicaire général du diocèse de Gap le 1er mars 1765, ensuite de Narbonne. De retour à Paris, il est abbé commendataire de Noirlac et prieur de Brives ; il est surtout l’aumônier de Mme Victoire, fille de Louis XV. De 1775 à 1787, il a pour secrétaire l’abbé Sieyès dont on connaît la destinée célèbre[3]. En 1789, il suit Mme Victoire en émigration à Rome. Quelques années plus tard, au mois de juillet 1792, affecté par la maladie, il est de retour à Paris. Arrêté peu après, il est incarcéré et massacré dans les jardins du couvent des Carmes le 2 septembre 1792.
Plaque du souvenir et Statue sont dans l’église de Chalais. (cf. photos)
Corgnac, Armand Chapt de Rastignac, victime de la Révolution
Armand Anne Auguste Antonin Sicaire Chapt de Rastignac est né au château de Laxion le 2 octobre 1727. Il fut baptisé le 10 qui suit en l’église Saint-Front-de-Corgnac ; il eut pour parrain Armand d’Aydie, chevalier, seigneur, comte de Riom, et pour marraine, Anne Chapt de Rastignac, sa tante. Son père, Charles, chevalier, seigneur de La Navoye, marquis de Laxion, comte de Lambertie et de Pensol (1693-1762), avait épousé Marie-Anne d’Aydie (1741). Cette famille était très implantée dans le nord du Périgord. Outre Laxion, son père était propriétaire de Lambertie, dans l’ancienne paroisse de Mialet. Son grand- oncle Jacques de Rastignac (1599-1633) avait épousé Marie Arlot qui lui avait apporté la terre et le château de Firbeix, conservés dans cette famille jusqu’à l’orée du XXe siècle. Ses représentants furent aussi fortement présents à Vilars.
La devise de cette famille était : « In domino confido » (en Dieu je mets ma confiance). Elle est rappelée au haut de la plaque du souvenir ci-dessus, suivie de ses armoiries qui se lisent : « De gueules au loup passant d’or ».
Quatrième d’une famille de 7 enfants, il étudia en Sorbonne, à Paris, dont il obtint le titre de docteur. En 1759, il fut nommé abbé de Peyrouse, dans la paroisse de Saint-Saud-Lacoussière et conserva ce poste jusqu’en 1773. Aussi chanoine de Saint Martin de Tours, il se démit et obtint à cette date l’abbaye de Saint Mesmin. Ensuite il fut nommé archidiacre puis grand vicaire d’Arles.
Il avait refusé l’évêché de Tulle lorsqu’en 1789 il fut nommé par le clergé du bailliage d’Orléans, député aux États-généraux. Il signa la protestation du 12 septembre 1791. Le 30 septembre son mandat s’acheva et il décida de prolonger son séjour parisien. Le 26 août 1792 il fut enfermé à la prison de l’abbaye où il subit le sort funeste. Le lundi 3 à 10 heures, avec l’abbé Lenfant[4], confesseur du roi, ils parurent à la tribune de la chapelle qui leur servait de prison et ils dirent, rapporte un témoin, « notre dernière heure est venue et ils nous invitèrent à nous recueillir pour recevoir leur bénédiction. Un moment électrique, qu’on ne peut définir, nous précipita à genoux ; et les mains jointes, nous la reçûmes… une demi-heure après, ces deux prêtres furent massacrés, et nous entendîmes leurs cris » (Jourgnic de Saint-Méard).
Il fut béatifié par l’église catholique le 17 octobre 1926 parmi 190 autres ecclésiastiques, martyrs de la Révolution.
Mialet, Abraham de Lolière, victime de la Révolution
Au cours de cette période, de nombreux prêtres perdirent la vie parce qu’ils refusèrent de prêter serment à la constitution civile, tout en décidant de rester en France. Près de 800 d’entre eux furent déportés à Rochefort à partir de 1794 ; 500 moururent dans des conditions lamentables, et parmi eux, 64 furent déclarés « Bienheureux » le 1er octobre 1995[5]. Même parmi ceux qui s’y plièrent, nombreux furent arrêtés au cours des années qui suivirent, et condamnés à mort à l’issue de simulacres de procès. Nous en avons l’exemple à Mialet.
Dans cette petite cité du Périgord, les Révolutionnaires se déchaînèrent contre l’église. C’est d’abord la destruction des boiseries formées de panneaux peints, de chaque côté de l’entrée, qui étaient remarquables, dit-on. A proximité se trouvait jusqu’en 1793 « une magnifique statue en pierre de Notre-Dame dont on brisa la tête et les bras ». On en a certes perdu la trace mais l’histoire demeure et nous la relayons…Plus tard, la municipalité dut remettre au district de Nontron deux calices, deux patènes, un soleil, une custode et deux porte-Dieu. Ce climat antireligieux se perpétua à Mialet avec la dénonciation du curé, Abraham de Lolière (1737-1794). Il était né le 16 février 1737 à Beauville (Lot-et-Garonne) où Jean, son père, était juge. Ancien militaire, il était docteur en théologie lorsqu’il fut nommé à la cure de Mialet le 27 octobre 1772.
Il fut présent en mai 1789 à l’assemblée du clergé à Limoges (Mialet dépendait alors de la sénéchaussée de Saint-Yrieix-la-Perche). Trois de ses confrères et voisins, Élie Mousnier des Étangs (Saint-Pierre-de-Frugie), François Besse des Moulières (Sainte-Marie-de-Frugie) et Annet Delage (Firbeix), fournirent une contribution commune au cahier de doléances du clergé en date du 15 mars 1789. En début de document, ils expliquent leur intéressante démarche[6] : « trois curés de la province de Périgord, mais qui n’entendent point être unis et agrégés à celle du Limousin, quoique domiciliés en la sénéchaussée de Saint-Yrieix… ». Si l’on se réfère à cette période de l’Histoire, les cahiers de doléances furent rédigés par les trois ordres (clergé, noblesse et tiers-état) et leurs contributions respectives, centralisés à l’échelon du bailliage ou de la sénéchaussée. Ce qui est remarquable en l’espèce, c’est leur détermination à se démarquer de leurs confrères du clergé Limousin. Quand au fond, leurs doléances étaient très proches les unes des autres. François Besse des Moulières fut aussi présent à l’Assemblée de Limoges en 1789, il y représenta ses deux confrères précités.
Alors qu’il avait prêté tous les serments, en particulier celui de Liberté-Égalité le 20 octobre 1792, le curé Lolière se démet de ses fonctions le 2 pluviôse An II (21 janvier 1794). Le 3 février 1794 il est dénoncé par Jean-Baptiste Profit, fils, pour propos contre-révolutionnaires[7]. Le 25 février, le comité révolutionnaire de Nontron lance un mandat d’arrêt à son encontre. Après audition de vingt-quatre citoyens de Mialet cités comme témoins (et qui ne l’ont nullement chargé), en mars 1794 il est envoyé devant le Tribunal révolutionnaire à Paris. Dans l’acte d’accusation, il lui est reproché d’être un « intriguant fanatique qui par toutes sortes de manœuvres a tenté l’anéantissement de la Liberté… ». Condamné à mort pour propos contre-révolutionnaires, il fut guillotiné à Paris, barrière du Trône, le 29 prairial An II (17 juin 1794) et inhumé au jardin de Picpus.
Selon le chanoine Brugère[8], Profit avait partie liée avec un certain Marty, les deux étaient à l’origine des destructions causées dans l’église ainsi que des persécutions à l’encontre du curé. A la suite, poursuit le chanoine, ils menèrent « la plus triste existence, la vie la plus désordonnée, et sont morts dans l’impénitence finale. De plus, la main de Dieu s’est appesantie sur leurs familles qui ne jouissent d’aucune considération ».
Louis Brouillhet ajoute : « on raconte que celui qui se fit remarquer dans cette profanation fut poursuivi par des femmes qui voulaient lui faire un mauvais parti. La paroisse étant restée sans curé pendant quelque temps, les femmes continuaient à entretenir l’église ; un certain jour, plusieurs d’entre elles, réunies afin de décorer le temple, entendirent les menaces de celui qui s’était distingué par ses sacrilèges ; il fit si bien ce jour là, que ces braves femmes, poussées par leur indignation, le conduisirent chez lui à coup de trique[9] ». L’auteur poursuit en racontant que les objets sacrés furent en partie pillés. Une brave femme, « la femme du bègue », entendant qu’on préparait un coup contre l’église, s’empara de tous les ornements et les enfouit dans son jardin, les dissimulant sous un carré de laitues, « les sauvant ainsi de la ladrerie de ces hommes ».
Après cet épisode douloureux, la renaissance de la paroisse n’aura lieu que quelques années après la signature du Concordat. Le 2 septembre 1807 Léonard Dubut-Goursolas (1751-1820) fut nommé curé de Mialet et la vie de la paroisse reprit un cours plus normal.
Sources principales :
– Bouet (Abbé Robert), Dictionnaire biographique Le clergé du Périgord au temps de la Révolution Française, tome 1 et 2, Piégut-Pluviers, 1993, 1994.
– Archives Nationales, dossier W 389903.
– Du Theil (Mgr R.), Évêques et prêtres massacrés en haine de la Foi aux journées de septembre 1792 à Paris, Paris, 1902
Saint-Pierre-de-Frugie, Jacques Dumontet Lambertie, frère de Pierre, victime de la Révolution
Fils de Charles Dumontet de Lambertie et de Brigitte Habaud, d’une famille de Saint-Paul-la-Roche. Né à Limoges le 21 février 1766, Jacques Dumontet Lambertie est décédé à Lanouaille le 6 septembre 1847.
Admis au séminaire ordinant de Limoges en 1787, il fut ordonné prêtre à Paris en 1792 par Mgr d’Argentré. Il desservit épisodiquement Firbeix et Sainte-Marie-de-Frugie avant d’être nommé curé de Saint-Pierre-de-Frugie en l’an VIII, et jusqu’au 26 germinal an XI, date à laquelle il rejoignit la cure de Lanouaille. Il fut aussi maire de la petite cité.
Son frère Pierre, vicaire épiscopal de Périgueux, né à Limoges le 3 novembre 1755 est mort sous la guillotine à Paris, place de Grève le 9 brumaire an III (30 octobre 1794). Admis au séminaire ordinand de Limoges, il avait été ordonné prêtre le 18 décembre 1779. Vicaire à Limoges en 1786, le 10 août 1792 il fut nommé vicaire épiscopal de Périgueux.
La prière qu’il composa avant de monter sur l’échafaud est fort connue, elle est rappelée ci-après [10].
A la Conciergerie, le 30 prairial an II (18 juin 1794)
Pour t’éviter un entretien funeste,
Je suis parti sans prendre tes adieux:
J‘ai remis à ma sœur[11] cet anneau précieux
Que je reçus de toi : ton portrait seul me reste.
Ce doux portrait attaché sur mon cœur,
De ton absence adoucira l’horreur,
D’une amante chérie il me peindra les charmes,
D’un amant malheureux il recevra les larmes.
Caché soigneusement aux yeux de mes bourreaux,
Il me consolera dans le fond des cachots.
Malgré mes ennemis, en dépit de leur rage,
Je pourrai contempler ta bienfaisante image,
La coller sur ma bouche, et de baisers brûlants
Couvrir cent fois du jour, tes traits attendrissants.
S’ils pouvaient… les bourreaux ! dans leur haine implacable
S’ils pouvaient me ravir ce portrait adorable !…
Mais, c’est en vain qu’ils viendraient le chercher,
Jusqu’au tombeau je saurai le défendre;
Et si, malgré mes soins, je le laissais surprendre,
De mon cœur tout sanglant il faudrait l’arracher.
Sources :
– Gobry (Ivan), Dictionnaire des Martyrs de la Révolution, Paris, 2002 ;
– Bouet (Abbé Robert), op. Cit.
II. 1914, la Grande Guerre
Saint-Jory-de-Chalais, Matthieu Dumontet de Lacroze, mort pour la France
Prêtre sulpicien, ancien directeur des grand séminaire de Bourges et de Reims.
Aumônier du 332e Régiment d’infanterie.
Né le 24 octobre 1866 à Saint-Jory-de-Chalais, tué le 22 avril 1916, à Esnes-en-Argonne, devant Verdun (Meuse). Mort pour la France.
Fils de Charles Dumontet de Lacroze, notaire à Saint-Jory-de-Chalais (1859-1863), juge de paix à Mareuil, puis sous-préfet (1871-1880), et de Pauline de Béron d’Oche, de la branche familiale établie au château d’Oche, sur la commune de Saint-Priest-les-Fougères.
Entré en 1894 au séminaire d’Issy, il reçut la prêtrise à la fin de l’année 1898.
En février 1900 il fut nommé au séminaire d’Angers suppléant pour l’enseignement de la philosophie. En octobre 1901, il suivit les exercices sulpiciens (du noviciat à la Solitude). En octobre 1902, il professa au séminaire de Bourges. En 1905 survint le décret de dispersion des congrégations[12]. Il partit pour les séminaires sulpiciens d’Amérique, mais revint peu après, ayant trop de mal à s’adapter. Il reprit, en octobre 1906, ses fonctions de directeur au séminaire de Bourges. Après un essai à la Chartreuse, en novembre 1913, il fut nommé parmi les directeurs du grand séminaire de Reims. Il devait rester seulement sept ou huit mois… quand la guerre éclata. Il s’engagea comme aumônier volontaire. Comme le rappela M. Poulot, directeur du grand séminaire de Reims :« Dès le mois d’octobre 1914, il s’était vu l’objet d’une citation brillante à l’ordre de la Division. Sa soutane, alors, avait été déchirée par des éclats d’obus. Il ne cessa de la porter. Naguère, dans une de ses courtes apparitions à Paris, il nous en montrait les pièces rajustées à gros traits d’aiguille. Il fallait qu’elle durât jusqu’à la fin de la campagne ; ce fut jusqu’à la fin de sa campagne, à lui : la relique précieuse devait être son linceul. »
Peu avant sa mort, le 19 avril 1916 il fut encore distingué : « Toujours au plus fort du danger partout où il peut rendre service. Du 9 au 11 avril en particulier, s’est toujours port é aux points les plus exposés, soutenant de son exemple les troupes soumises aux plus violents bombardements.(Ordre n°93 de la 69e D.I). Pour sa conduite exemplaire, l’abbé Mathieu de Lacroze a été fait chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume.
Source principale : Archives de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice, éloge prononcé à Paris, le 10 mai 1916 par Pierre Henri Garriguet, Supérieur général de la Compagnie (1904-1924).
III. La période 1939-1945
Corgnac, Marc Lavaud, mort pour la France
A la sortie du séminaire et après sonordination qui eut lieu à la suite, l’abbé Marc Lavaud fut nommé vicaire de Saint-Martin de Périgueux le 20 août 1931. Il fut ensuite curé de Corgnac à partir du 29 juin 1933. Victime du dernier conflit mondial de 1939, il est décédé le 8 janvier 1940
Mialet, Édouard Fromiga, victime des temps de troubles
Nous rappellerons simplement le souvenir d’Édouard Fromiga, né à Nantes le 23 août 1891, découvert dans un fossé le long de la route, tué par un prétendu maquisard le 7 juin 1944. Il fut curé de Mialet de 1931 à 1934, ensuite curé d’Issigeac jusqu’à sa mort brutale
IV. Témoins de notre temps
Saint-Saud
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L’abbé Julien, dit Georges Rocal (1881-1967)
Georges Anatole Julien est né à Périgueux le 1er août 1881. Il était le fils de Pierre Julien, employé à la gare, et d’Anne Seyral, précédemment lingère à Couze Saint-Front. Périgourdins de souche, ses parents s’étaient mariés à Lalinde le 3 mai 1880. Entré au séminaire en 1899, il fut ordonné prêtre cinq ans plus tard, en 1904. Pour son premier poste, il fut nommé vicaire à Sarlat. Il fut ensuite curé de Montaud puis de Puyguilhem avant d’être nommé à Saint-Saud Lacoussière en 1911. Il y restera fidèlement pendant quarante-huit ans, avant de prendre une retraite méritée, en dépit des difficultés rencontrées qui furent nombreuses.
1912, le catéchisme et la jeunesse
Tous les matins, l’abbé reçoit les enfants dans son église à huit heures, avant l’école. Pour eux c’est méritoire, surtout qu’ils n’habitent pas tous le bourg, que l’heure est précoce et le jour, pas levé en toutes saisons. Le jeudi, après ce premier cours d’instruction religieuse, il enfourche cette bicyclette dont il est un adepte, pour rejoindre des hameaux parmi les plus importants, comme La Bucherie, pour une seconde séance sur place.
Vus les résultat obtenus cette année là, il s’en trouve gratifié : le 1er avril, 50 enfants firent leur communion solennelle.
Son prédécesseur, le Curé Dufraisse, avait ouvert la voie à l’adresse des jeunes en montant des pièces de théâtre. L’abbé Julien poursuit et multiplie les événements à leur intention, arbre de Noël où il réunit 350 enfants, illuminations pour la Fête-Dieu, lancement du patronage, etc.
Tout semble aller pour le mieux, mais son action est vite contrariée : les débuts de l’exode rural et la désaffection pour l’église produisirent rapidement leurs effets. Les veuves de guerre souhaitant conserver leur pension et la mode du moment mirent le mariage en échec. Le reste suivit ; ainsi au caté, les chiffres parlent : de 36 élèves en 1916, on tombe à 12 en 1921 !
Notons cette réflexion savoureuse qu’il fit en 1919 : « Là, nous tombons dans des familles où l’on attend que les enfants puissent marcher pour les conduire au baptême ». Elle nous laisse songeur !
Une part du recul pourrait lui être imputable, ses réflexions, les leçons données dans le bulletin qu’il publie, engendrent et nourrissent une hostilité certaine à son égard.
Le Sillon et la doctrine sociale de l’Église
Le courant de pensée du Sillon et les enseignements de la doctrine sociale de l’Église induisirent une certaine rigidité dans son comportement quotidien; il peinait à s’adapter au terrain. Dans les années 1920, prônant le syndicalisme agricole et différentes formes d’action sociale (critique du métayage notamment, position qu’il assouplit par la suite), il gagna auprès de certains milieux une réputation de « curé rouge », peu fondée dans la réalité mais durable. Mais il avait aussi de bons côtés : il n’hésitait pas à venir en aide à ses paroissiens et se révéla être un précieux auxiliaire du médecin, celui qu’on appelle d’urgence…
1925, la mission
Deux missionnaires du diocèse, auquel s’est joint le curé d’Abjat viennent épauler l’abbé. Pendant trois semaines, ils visitent les paroissiens un à un. Le soir venu, des cérémonies viennent clôturer la journée dans un climat de fête. C’est une réussite, à l’église, tous les hommes sont présents ; le prêche des missionnaires attire, l’ambiance festive aussi. Scènes paysannes, décorum des chars et musique en font partie. Mais on retourne vite à ses anciennes habitudes ! Ce fut un feu de paille et la pratique continua de s’évaporer.
Rocal, l’écrivain
Lorsqu’il entreprit de publier son premier ouvrage en 1921, il le signa de son nom d’emprunt, Georges Rocal. Cette année là, il publia Vieilles coutumes dévotieuses et magiques du Périgord, suivi en 1926 du Vieux Périgord. Le rythme de ses publications s’accélère en même temps que les thèmes abordés s’élargissent. En 1941, il en est à son 10e ouvrage. Tous ne seront pas impérissables, mais les deux titres cités ont fait l’objet de rééditions et conservent un certain intérêt.
En 1938, il est créé chevalier de la Légion d’honneur, notamment pour son rôle dans la tenue d’un congrès du folklore, une discipline dans laquelle il est un personnage de référence.
Cette année là est riche, il publie « Sciences de gueules en Périgord » et se lie d’amitié avec Félicie Brouillet, elle aussi très investie dans le monde folklorique. Il sera parrain de l’un de ses enfants et elle lui ouvrira sa maison pour le recueillir une fois la retraite venue…
Patriote engagé, et résistant de la première heure en Dordogne
Bien que considéré comme « inapte » l’abbé Julien trouva du service en 1915, il fut infirmier à l’hôpital de Gravelines (Nord). Et, quand vint la seconde, Rocal se mobilisa très tôt. Il exerçait son ministère lorsqu’il entra en résistance, dès 1942. L’occupation du département, auparavant en zone libre, à partir du 11 novembre 1942, fut le fait déclencheur du mouvement de résistance dans la région… Dénoncé en avril 1943, il poursuit dans la clandestinité au sein du maquis charentais et devient capitaine-aumônier au sein de la brigade RAC[13] jusqu’à la libération de Royan, en avril 1945. Ses adjoints sont les abbés Giry, Dupin de Saint-Cyr (que nous retrouverons en poste à La Coquille) et Delpech… Peu après la fin du conflit, il est promu officier de la Légion d’honneur.
De cette période résultera le gain d’une aura non seulement au sein des anciens militants mais aussi parmi ses paroissiens de Saint-Saud qu’il a rejoints. Les conflits nombreux qu’il avait affrontés s’affaiblissent au point de disparaître. Aussi, peu s’étonnent qu’en septembre 1945, il refuse la cure-doyenné gratifiante de Saint-Pierre-de-Chignac. Mais il demeure difficile de lutter contre les tendances de fond sans baguette magique ; en 1951, il évoque une présence squelettique à la messe, le nombre de fidèles ne dépasse pas 10 !
De 1954 à 1957, il mène son dernier combat en s’attachant à la restauration, on peut plutôt dire à la reconstruction, de son église. Mais l’histoire est contée par ailleurs, sur notre site, à propos de cette église. Le 26 mai 1957, elle est restaurée et Mgr Louis vint bénir les travaux et confirmer.
A l’automne 1958, il quitte son ministère et s’installe chez Félicie Brouillet, son amie. C’est chez elle, à Augignac qu’il fêtera en 1964 le jubilé du 60e anniversaire de son ordination. Il s’est éteint en ce lieu le 30 juillet 1967.
Rocal, le « Juste »
À l’été 1942, l’abbé avait ouvert son presbytère à une famille juive qui avait fui Paris. La mère ayant été victime d’une rafle, M. Molho et ses deux enfants vécurent en ce lieu jusqu’à la fin de l’occupation. Treize ans après la mort du prêtre, le 7 juillet 1980, on lui décerna le titre de « Juste parmi les Nations » en témoignage de reconnaissance de son engagement et de son action.
Source : d’après l’ouvrage de Guy Mandon, Un prêtre résistant, historien du Périgord et Juste parmi les nations, Éditions Secrets de Pays, Couze et Saint-Front, 2016.
- Louis de Taffin (1925-2017), curé de Mialet, Firbeix et Saint-Saud
12e des 15 enfants qui composèrent la famille à laquelle il appartenait, l’abbé Louis de Taffin fit incontestablement partie d’une famille nombreuse : ses parents comptent à ce jour plus de 350 descendants.
Il vit le jour à Bergerac en 1925, dans une famille joyeuse, animée par la foi chrétienne. Parmi les aînés, son frère Henri (1914-1993) montra le chemin en consacrant sa vie à Dieu ; il entra dans la Compagnie de Jésus. Frère jésuite, il fit plusieurs périodes à la Maison d’exercices spirituels de La Barde, Notre-Dame-du-Bon-Conseil, contribuant à la bonne marche de l’établissement ; il fut aussi en poste pendant de longues années au collège Tivoli de Bordeaux.
D’une famille originaire du Nord de la France, à Tilques, près de Saint-Omer, son père (1881- 1958) s’était fixé en Bergeracois à la suite de son mariage avec Marie d’Abzac (1885-1948) dont les aïeux furent de tous temps ancrés en Périgord.
Tout juste sorti du grand séminaire, Louis de Taffin fut nommé à 29 ans curé de Mialet. Le bourg n’avait pas de presbytère et il n’y avait plus de curé résident depuis la fin de la guerre. Qu’à cela ne tienne, dans sa bonté, Eva Frugier prêta un logement.
Il restera à la tête de la cure de 1954 à 1960, rejoignant pour la dernière année le presbytère de Saint-Saud qui venait d’être réhabilité. Le 2 septembre 1961, il passa le relais pour un long bail à l’abbé Danède. Il fut ensuite curé de Saint-Vincent-de- Connezac (1961-1967) puis de Menesplet (1967- 2000), avant de s’installer dans cette maison de retraite de Bergerac où il devait décéder le 3 mars 2017.
Bien jeune à cette époque, nous ne pouvons témoigner que sur deux plans : sa contribution à l’embellissement de l’église de Mialet et son aura auprès des jeunes enfants. Incontestablement, il fut le premier à instiller une touche de sincérité à cette église passée au badigeon et au plâtre au XIXe siècle, retrouvant la vérité des pierres et bousculant les meubles.
Le 18 avril 2013, l’abbé répondit par écrit à une missive que je lui avais adressé. Laissons-lui la parole.
« Quand j’étais au grand séminaire, un ami qui connaissait toutes les églises du Périgord, venait nous entretenir sur ces églises et aussi un architecte, de quoi nous donner le désir de faire quelque chose dans nos églises. Ce fut le cas. »
« Pourquoi tels ou tels travaux ont été entrepris… C’était un peu la mode. D’autres prêtres avaient commencé, pourquoi pas moi ? Un jour, un tombereau était devant la porte de l’église : des jeunes s’activaient à faire tomber des tas de plâtre et c’était la découverte des belles pierres de granit des murs. Ce fut aussi la découverte d’une grande ouverture donnant sur la chapelle qui deviendra le baptistère. »
« Une lettre de M. le maire va tout arrêter. Je m’étais mis dans mon tort, n’ayant pas demandé l’autorisation. Le maire avait une bonne occasion de me faire des ennuis. »
« Il avait commencé à faire interdire de sonner les cloches, le beffroi était en mauvais état. Le jour des communions solennelles, les cloches sonnent ; c’était un disque des cloches de la cathédrale Saint-Front. Toutes les têtes se sont tournées vers le clocher ! »
« M. le maire cherchait une revanche. Du coup, les travaux entrepris s’arrêtent. Pour qu’il n’ait aucune crainte pour la solidité de l’église, je demande à un architecte de certifier qu’il n’y avait aucun danger sur la solidité de l’église. »
L’affaire sera portée devant le sous-préfet… et s’arrangeât.
Passons à un autre chapitre, l’imposante table de granit du nouveau maître-autel : « Elle vient de l’ancienne chapelle de Lambertie. Les propriétaires nous l’ont offerte. Pour la transporter, ce fut un chantier. Le camion de Pougeaud s’écrasait sous le poids. Pour la mettre dans l’église, on la plaça sur des rouleaux et nous la poussâmes à bras. Pour soulever la pierre, j’avais un cric de batteuse. »
Les bénitiers à l’entrée de l’église : « Ils ont été trouvés dans la campagne de Mialet. Ils servaient d’abreuvoir pour les volailles. » Mais ses travaux ne s’arrêtèrent pas là. Un jour, il décida de badigeonner en gris le fonds de l’église. Juché sur son échelle, il dut malencontreusement brosser des fils électriques qui étaient à nu et se retrouva suspendu par les mains, l’électrocution était imminente. Le bon Dieu veillait, l’abbé eut l’énergie de se secouer ; il tomba et eut la chance de pouvoir s’accrocher aux barreaux de l’échelle. Plusieurs jours durant il dut s’imposer un repos complet.…
Sur son ouverture aux autres et son ingéniosité, les anecdotes fourmillent. Un jour, sa famille se cotisa pour lui offrir une des premières machines à laver ; il n’eut de cesse que de la monter sur des roulettes pour venir en aides à ses voisines qui lavaient leur linge à la main, en l’acheminant jusque chez elles. Au presbytère de Mialet, il avait créé son mobilier : à droite en entrant, trônait un fauteuil dont la galette avait été avantageusement remplacée par une chambre à air de 2 CV et une autre de Vespa ; au plafond, une étagère supportée par deux chaînes de vélo (peut-être de moto)… Après avoir été électricien, maçon, plombier, il se fit même laboureur en attelant la charrue à son infatigable 2 CV, encore un don familial qui vint remplacer la Citroën Trèfle hors d’âge qu’il rangea pour toujours chez le boucher Gaudout. Le jardin fut ensemencé, surtout de pommes de terre. Ajoutons ces anecdotes rappelées par le P. Christian Dutreuil dans son homélie prononcée lors de son enterrement : « Il était convié très souvent à déjeuner chez les fidèles de sa communauté ou pour rendre tel ou tel service car notre homme était un très bon bricoleur. Il avait transformé sa cuisine en atelier. Sa créativité était connu de tous comme la soutane deux pièces pour faciliter les déplacements pastoraux avec sa moto. Bref comme dit notre Pape François : « il ne regardait pas la vie du balcon, mais il était un pasteur qui avait l’odeur de ses brebis » .
Il n’hésitait pas à payer de sa personne pour animer certaines fêtes : je me souviens du dernier feu de la Saint-Jean auquel j’ai participé, l’abbé faisant le tour du feu à vélo, assis sur le guidon à l’envers de la marche et appuyant sur les pédales pour avancer, autour d’un abondant feu de la Saint-Jean qu’il n’était pas le dernier à sauter, avec sa nouvelle jupe-longue de couleur noire !
On sait par les témoignages reçus qu’il continua tout au long de sa vie à faire preuve de ses talent avec toute la simplicité et le sourire qui le caractérisaient.
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Jean Danède
L’abbé Jean Danède arriva à Saint-Saud-Lacoussière le 2 septembre 1961. Il venait de la paroisse Saint-Georges de Périgueux où il avait été nommé vicaire le 11 août 1951, pour son premier poste.
Il était né Saint-Pardoux-la-Rivière le 5 avril 1926 et fut ordonné prêtre le 24 mars 1951 en la cathédrale Saint-Front de Périgueux par Mgr Louis.
Ce prêtre encore jeune, très affable, au sens artistique très réel, réalisa la renaissance tant appelée de ses vœux par Georges Rocal. Toujours soigneusement entretenue et décorée, l’église accueillit les fidèles qui venaient désormais plus nombreux aux messes notamment parmi les jeunes, avec lesquels il organisa des équipes liturgiques pour de grandes célébrations (Noël, Pâques…). Très sensible, il attachait le plus grand soin à ses homélies auxquelles il ne dédaignait pas d’insuffler un souffle poétique ou lyrique. Nous nous souviendrons encore des pèlerinages du diocèse à Lourdes, auxquels il avait soin d’associer les jeunes qui se portaient spontanément volontaires pour l’accompagner.
Après son départ le 2 juillet 1983, il n’y eut plus de curé résidant de manière stable à Saint-Saud. L’abbé devint curé de Belvès où il devait rester jusqu’au 24 mai 1997. Il se dévoua tout particulièrement à l’animation du sanctuaire Notre-Dame-de-Capelou où il put largement exprimer sa grande dévotion à la Vierge Marie.
Atteint par la maladie, il fut admis à la retraite à cette date et se retira à Saint-Pardoux, sa ville natale, où il accueillait toujours avec un grand et sympathique sourire ses visiteurs, en dépit de la gêne qu’il éprouvait . Il est décédé quelques années plus tard, le 23 juillet 2002 et ce fut le Père Jean-Claude Célerier, vicaire général qui prononça l’homélie. Il est inhumé dans le caveau familial.
La Coquille
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Le R.P. Jacques Saint-Martin, S.J. (1892-1960), La Barde mais aussi…
Au cours des 34 années qu’il passa à La Barde, le Père Jacques Saint-Martin vint maintes fois en appui du clergé local, dépannant l’un, remplaçant l’autre. Que de fois avec une vieille bicyclette il est allé assurer le service du culte dans les bourgs environnants. Durant la guerre de 40, il assura seul l’intérim de Saint-Jory-de-Chalais (1945-1952), tout en maintenant son service à La Barde. Nombreux sont les paroissiens qui l’ont bien connu ou simplement côtoyé pendant ce long bail, c’est pourquoi nous nous devons de saluer sa mémoire.
Marie Jean Octave Jacques Saint-Martin est né à Périgueux (Dordogne) le 27 janvier 1892, il était le fils d’André Saint-Martin(1857-1941) et de Jeanne Lapeyre (1854-1895). Huitième enfant d’une famille de dix, il fut orphelin de mère à l’âge de quatre ans.
Jacques était ancien élève du collège des Jésuites de Florennes (Belgique) où il passa trois ans. Il fut l’un des premiers retraitants de Notre-Dame-du-Bon-Conseil[14], où il vint réfléchir sur sa vocation en 1909 avec le P. Genestout, ancien condisciple de son père au collège de Sarlat. Il avait alors 17 ans.
Nommé à la maison de La Barde en 1925, il est ministre trois ans plus tard et prend en charge l’administration générale et la gestion courante. Vers la fin de son mandat, en 1957, il sera nommé adjoint du supérieur.
Très dévoué, il fut « un charmant maître de maison, veillant au confort de ses hôtes, au service abondant et à la bonne tenue de la table ».
En 1956, sa santé déclina : artérite de la jambe droite, suivie d’un infarctus du myocarde en janvier 1957, attaque 15 novembre 1958. Diminué, il fut admirablement soigné par le docteur Vingre et, au quotidien, par Maria Picot et Élise Vernier.
Peu après son jubilé où il put, de son fauteuil, assister à la messe, (20 mai 1959), il fut transporté le 16 octobre 1959 à la villa Régis à Toulouse, infirmerie de la province des Jésuites dont ressortait La Barde. Il y est décédé le 27 mai 1960, après 51 ans de vie religieuse.
Comme on l’entrevoit, La Barde lui dut beaucoup ainsi qu’à son père, devenu prêtre après son veuvage, et à son frère Joseph qui reprit en 1946 les parts de Mle Pornin dans l’association qui portait la maison de La Barde. Cette famille fit un don important qui permit d’adapter les bâtiments à leur fonction d’accueil des retraitants en 1936-1939.
Il est enfin l’auteur de « Un apôtre des retraites fermées au 17e siècle, Mgr Daniel de Francheville, évêque de Périgueux (1682-1702), dit le père des pauvres ». Source principale : Archives françaises de la Compagnie de Jésus, Paris
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Abbé Gabriel Truchassout (1914-1996)
Né à Saint-Saud-la-Coussière le 19 août 1914, Gabriel Truchassout est décédé le 19 juillet 1996. Après des études au petit et au grand séminaire de Périgueux, il fut ordonné prêtre le 27 avril 1940 par Mgr Louis. La cérémonie eut lieu à l’occasion d’une permission militaire, l’intéressé ayant été mobilisé ; il portait l’aube offerte par ses camarades de régiment.
Le 11 juin 1940 il fut fait prisonnier et ne fut libéré qu’à la fin de la guerre, en 1945. le 20 septembre 1945, il est nommé vicaire à Saint-Cyprien, puis le 9 août 1952 il devient curé de La Coquille. Il y restera près de 30 ans. Militant et plein de fougue, il se dévoua sans compter au service de ses paroissiens et plus particulièrement des jeunes. Qui ne se souvient de son éternelle 2 CV faisant le plein de jeunes catéchistes à la sortie du collège : pas de siège à l’arrière, il en installait un ou deux à l’avant et le reste à l’arrière à même le plancher (au moins 4 ou 5), à côté de son énorme berger allemand, à la grande joie de tous mêlée d’appréhension quand même ! On se souvient encore de son entrain du temps des kermesses joyeuses, dans cette éternelle soutane qu’il conserva malgré les assouplissements conciliaires, signe d’une tradition qu’il savait conserver.
Du 1er août 1981 au 16 octobre 1989, il est curé de Saint-Jory-de-Chalais. En raison de l’âge, il remet son office de curé à Mgr Gaston Poulain… Désormais à la retraite, il reste sur place jusqu’à son rappel à Dieu le 19 juillet 1996. La petite cour devant l’ancien presbytère porte désormais son nom et rappelle à tous son souvenir. A l’occasion de ses obsèques, l’homélie fut prononcée par l’abbé Georges Barret que nous connaissons bien.
Source : Semaine religieuse de Périgueux et Sarlat, 1996
Christian Miane
Né en 1937, Christian Miane fut ordonné prêtre en 1964,
Nommé curé de Thiviers, il devait y rester 14 ans, du 16 juin 1981 au 3 juin 1995. Puis il fut muté à Ribérac où il demeura jusqu’à la retraite ; Il se retira du ministère en 2007 et se fixa à Bourdeille, où il demeure.
Il connut plusieurs cures : lors de sa venue à Thiviers, il était curé de Saint-Aulaye où il fut nommé le 3 juillet 1976.
Antérieurement, il venait de Saint-Privat, dont il avait accepté la charge le 19 août 1967.
A gauche, le Père Christian Miane lors d’une cérémonie de remise de la Légion d’honneur en 2010
Mais son premier poste fut le vicariat de Saint-Astier, où il fut nommé le 1er août 1964, à sa sortie du grand séminaire de Périgueux.
Créé chevalier de la Légion d’honneur en 2000, il fut vice-président de l’œuvre des pupilles orphelins des sapeurs-pompiers et aumônier départemental des sapeurs-pompiers.
V. Les prêtres de la paroisse Notre-Dame-des-Hauts-de-l’Isle
Alors que la paroisse va fêter l’an prochain ses vingt ans, plusieurs prêtres se sont succédés à la tête de la cure, devenue « centre paroissial ».
Orsino Zanlorenzi
L’abbé Orsino Zanlorenzi fut curé de Saint-Pierre-de-Côle de 1955 à 2005. Au cours de ces 50 ans, il fut amené à élargir sa charge curiale, prenant en charge Vaunac et Vilars. Ancien doyen du doyenné des Hauts-de-l’Isle, bien que l’âge de la retraite soit venu, il accepta de devenir membre de l’équipe « in solidum » de la nouvelle paroisse Notre-Dame-des-Hauts-de-l’Isle. En juillet 2005 il se retira à la maison de retraite de Brantôme.
Né le 11 août 1922 à Mogliano en Italie, il est décédé le 30 décembre 2010 à l’EHPAD de Brantôme, à l’âge de 89 ans. Il avait été ordonné prêtre le 29 juin 1948 à la cathédrale Saint-Front de Périgueux.
Jean Torcel
L’abbé Jean Torcel fut nommé le 3 juin 1995 curé de Thiviers, il devait demeurer en cette charge jusqu’en 2011. A son départ, il fut nommé curé modérateur de la paroisse Sainte-Marie-en-Périgord, avec résidence au Fleix, où il exercera son ministère sur les vingt-et-une communes environnantes. Il vit depuis 2016 en retraite à Trélissac. Ordonné prêtre en 1968, il fut nommé à Tocane où il resta dix ans avant de gagner le Cameroun où il exerça pendant les six années qui suivirent. Il officia ensuite au Buisson avant de rejoindre Thiviers.
René Mathieu
Jean Torcel eut pour successeur l’abbé René Mathieu, qui exerça son ministère dans la paroisse du 1er septembre 2011 au 1er septembre 2016, puis fut nommé curé de la paroisse Saint-Jean-Baptiste-en-Nontronnais où il demeure actuellement. Originaire de Milhac-de-Nontron, il fut ordonné prêtre en 1984. Avant de prendre la tête de la paroisse de Notre-Dame-des-Hauts-de-l’isle, il était en charge de la paroisse du Bienheureux Guillaume Delfaud en Pays Dommois où il exerça son ministère durant quatre ans, avec la responsabilité d’animation de 17 clochers.
L’abbé René Mathieu, Photo Anne Becheau
Daniel Mathieu
L’abbé Daniel Mathieu, nommé curé de La Coquille le 28 mai 1994, assura aussi la desserte de Firbeix, Mialet, Saint-Saud-la-Coussière, Saint-Pierre-de-Frugie, Jumilhac-le-Grand, Saint-Priest-les Fougères, Saint-Paul-la-Roche. Après la restructuration des paroisses du diocèse, il fut nommé en 1998, membre de l’équipe « in solidum » de la paroisse Notre-Dame-des-Hauts-de-l’Isle. Il demeurait en résidence au presbytère de La Coquille. Il fut admis à se retirer du ministère, le 1er septembre 2016. Il fut aussi doyen du Haut-Périgord de 1996 à 2005.
Ordonné prêtre le 18 décembre 1971, à Ribérac, il fut nommé vicaire en cette ville le 25 août 1972, puis à La Madeleine de Bergerac le 20 août 1977. Le 7 juillet 1984, il rejoignit l’équipe sacerdotale d’Excideuil-Génis. jusqu’à sa nomination à La Coquille.
L’abbé Daniel Mathieu, lors de sa dernière messe à Mialet
Jean-François Versaveau
L’abbé Jean-François VERSAVEAU a été nommé curé de la paroisse Notre-Dame des Hauts de l’Isle le 2 septembre 2016 et installé le 2 octobre 2016 par Monseigneur Philippe MOUSSET à Thiviers. Il succèdait au Père René Mathieu [2], curé, et au Père Daniel Mathieu résidant à la Coquille.
Il est originaire de Nontron et par sa famille paternelle de Thiviers.
Il a fait un apprentissage de Facteur d’Orgue.
Ordonné prêtre le 25 juin 1995, il fut notamment en poste à la paroisse de Périgueux en 2001, de Trélissac et Savignac-les-Eglises en 2010. Avant son arrivé à Thiviers, il était curé de la paroisse Sainte Thérèse du Manoire à Saint Georges de Périgueux.
Il est prieur d’Aquitaine pour l’ordre du Saint Sépulcre de Jérusalem.
Monsieur l’abbé Jean-François VERSAVEAU lors de son installation par Mgr Mousset, à Thiviers, le 3 octobre 2016
[1] Les lecteurs désireux d’approfondir leurs connaissances sur le sujet, parmi les nombreux travaux disponibles sur le web, ils pourront consulter ceux de l’Association du souvenir des martyrs de septembre 1792, présente sur le site de Église Saint-Joseph-des-Carmes, à l’adresse suivante : https://www.sjdc.fr/?page_id=379
[2] Père Y. Blomme, La déportation des prêtres à Rochefort sous la Terreur, Paris, 2017. L’auteur traite ici d’un autre sujet qui aboutit à la déportation de plus de 800 prêtres et se solda par la mort de plus de 500 d’entre eux. Leur cause aboutit à la béatification de 6 d’entre eux, le 1er octobre 1995. Nous y reviendrons.
[3] Emmanuel Joseph Sieyès (1748-1836), homme politique et essayiste, consul provisoire sous le Consulat, président du Sénat et comte de l’Empire.
[4] Alexandre Lenfant, Jésuite, né à Lyon en 1726, avait prêché avec succès en cette ville puis à Paris.
[5] Nous reprendrons ce sujet en évoquant le nouveau livre d’Yves Blomme qui vient de paraître en cette fin d’année 2017, sous le titre La déportation des prêtres à Rochefort sous la Terreur.
[6] Cahier versé dans les archives de la municipalité de Saint-Pierre-de-Frugie.
[7] J.B. Profit, docteur en médecine, domicilié à Feyte, fils de Jean-Baptiste Profit, notaire royal, lieutenant de la juridiction du comté de Lambertie, sieur de Lavallade, bourgeois habitant le village de Feyte, époux de Françoise Barby.
[8] Brugière (chanoine Hyppolyte), L’ancien et le nouveau Périgord, notices sur les paroisses du Périgord à la fin du XIXe siècle, numérisées sous ce titre par la Société Historique et Archéologique du Périgord (SHAP).
[9] Brouillhet (Louis), Autour de mon clocher, Miallet, Limoges, vers 1905.
[10] Source : Tableau des prisons de Paris Sous le règne de Robespierre – Chez Michel, rue Hautefeuille, N° 36.
[11] Valérie, née à Limoges le 23 août 1767, épouse Pierre Villars, aubergiste à Firbeix.
[12] Décrets consécutifs à la loi du 7 juillet 1904 qui supprima les congrégations enseignantes et entraînait leur départ de France.
[13] Selon Wikipédia, Pseudonyme que lui donna son fondateur, Rodolphe Charles Cérard, dit « Rac ».
[14] Nom donné à la maison de retraite de La Barde